Entreprendre en franchise à l’ère de l’incertitude, entre audace et précaution

Notre société a été marquée en moins de quatre ans par une série de crises qui ont impacté notre vision du présent comme de l’avenir. Une pandémie, de nouveaux conflits mondiaux, une crise énergétique, l’économie a dû faire face à une inflation importante et une hausse significative des taux d’intérêts.
Des secteurs d’activité sont particulièrement touchés tels que l’immobilier, le textile, l’automobile… Et d’autres semblent suivre.
A cela s’ajoutent les tensions sur le marché de l’emploi.

Bref, le climat est des plus anxiogènes.

 

Dans ce contexte, la création d’entreprise en franchise a vu son nombre de candidats chuter fortement avec des temps de réflexion allongés. La franchise offre une voie vers l’indépendance professionnelle, avec un modèle établi et un support de la part du réseau.

Cependant, depuis 2020, les dynamiques du marché de l’emploi ont changé. Le salarié s’est retrouvé en position de force inversant les rôles et se mettant à recruter les entreprises dans lesquelles il voulait travailler et souvent avec de nouvelles aspirations. Lors d’une récente conférence au Club Créateur et Repreneur d’Entreprise de l’EM LYON, une intervenante a souligné un changement de paradigme : « nous sommes passés de la création d’entreprise subie à une création d’entreprise choisie ».

Ce nouvel ordre redessine les motivations et les attentes actuelles des candidats à la création d’entreprise en franchise, quitte à ce que naissent des paradoxes dont nous ne connaissons pas encore les effets à venir. Alors, pourquoi certains osent encore se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en franchise dans un monde incertain ?

 

Pour 3 raisons principales que j’entends régulièrement chez les primo entrepreneurs :

  • La quête de sens : la recherche d’une activité épanouissante qui porte des valeurs actuelles.
  • Le besoin d’indépendance : être son propre patron pour décider par soi-même et ne plus dépendre de quelqu’un.
  • Le goût du challenge : sortir de la routine et tenter une nouvelle aventure.

Quant aux candidats ayant un passé d’entrepreneur, la franchise apparaît comme une porte d’entrée propice et rapide à un nouveau développement d’activité, surfant sur les opportunités actuelles pour soit changer de secteurs soit se diversifier.

Comme cité plus haut, les attentes des candidats évoluent, se focalisant principalement sur le besoin de sécurité, de confort, d’équilibre de vie…

 

Trois typologies de candidats émergent aux attentes différentes.

 

Les diplômés prévoyants

Issus de postes de direction ou ayant géré des « Business Unit », ces entrepreneurs potentiels analysent minutieusement les enjeux de l’entrepreneuriat en franchise. Conscients d’un environnement incertain, ils recherchent la sécurité à travers la notoriété de l’enseigne, les services supports, un concept fort répondant aux attentes actuelles et souhaitent une rentabilité certaine et rapide.

L’aventure entrepreneuriale est acceptée mais avec le moins de contraintes possible : l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est fortement demandée alors que le lancement d’une entreprise reste un engagement de temps et d’énergie qui laisse une place plus restreinte aux autres parties de sa vie les 12-18 premiers mois. La demande d’accompagnement est plus forte également car le futur franchisé veut être sûr d’avoir une contrepartie sérieuse à ses redevances.

Ce type de candidat a des demandes et des exigences plus fortes en amont de sa prise de décision. Il découvrira sans doute, au fil de sa création, les efforts à consentir et ce que cela implique sur les équilibres de vie.

 

Les expérimentés instinctifs

Ce sont les salariés ou cadres peu diplômés ayant développé une compétence expérientielle solide sur le terrain. Ils ont progressé tout au long de leur parcours professionnel et ils manifestent à un moment de leur vie un fort désir d’indépendance. L’entrepreneuriat est vu comme un moyen de dynamiser leur évolution professionnelle et d’être son propre patron, de créer sa propre richesse à partir de son travail.

La prise de décision est souvent plus rapide mais ils sont également en demande d’accompagnement. Leur demande d’équilibre de vie est moins prononcée que pour les « diplômés prévoyants » mais leur exigence repose sur la qualité des fonctions supports.

 

Les entrepreneurs d’expérience

Ici nous parlons de deux types d’entrepreneurs d’expériences : les déjà franchisés et les entrepreneurs indépendants. S’ils sont déjà franchisés, ces candidats vont à l’essentiel et repèrent très vite les concepts à potentiels. Ils veulent connaître les services rendus par le franchiseur en contrepartie des redevances payées. Attention, dans un contexte économique plus tendu, ils sont plus exigeants !

S’ils sont entrepreneurs indépendants et viennent en franchise, ces candidats sont motivés pour échapper à la solitude du chef d’entreprise et profiter, dans un monde de plus en plus complexe, de l’appui d’une enseigne. Leur attente sera de pouvoir faire cohabiter l’indépendance qu’ils ont connue, avec l’interdépendance créée et demandée dans un modèle tel que celui de la franchise.

Si dans les 2 cas, leur rôle est principalement d’être investisseur, ils vont suivre de près les performances financières de leur investissement et seront plus intéressés par les ratios de rentabilité que par l’esprit de l’enseigne.

 

Franchiseurs : Soyez vrais et pros

 

Le candidat actuel est en crainte et a des désirs d’équilibre de vie qui sont à prendre en compte. Entre audace et précaution, il est prêt à embrasser l’aventure entrepreneuriale, mais avec toutes les assurances nécessaires. C’est un paradoxe pour des futurs entrepreneurs mais c’est aussi pour cette raison qu’ils choisissent ce modèle de création qu’est celui de la franchise.

Pour intéresser les candidats, le franchiseur doit avoir une séquence de recrutement qui soit construite, mais pas que…Cela nécessite aussi, une fois le candidat devenu franchisé, une formation de qualité et un accompagnement au plus près lors du démarrage afin de faciliter le lancement de l’entreprise franchisée.

 

Avec Franchise.

Pierre Michel CROS